La belle histoire du Restaurant Belle Rive... un établissement centenaire au riche passé !
par Renaud DONZEL/Nantua, article paru dans la Tribune Républicaine du 9 mai 2013
Entre La Cluse et Nantua, face à Maria Mâtre, Le Belle Rive fait la réputation des bords du lac avec sa friture, ses filets de perche et sa quenelle de brochet Sauce Nantua.
Mais qui sait que cet établissement a eu un cabaret fort réputé dans les années 1950 qui vit les débuts d'un jeune comique quasiment inconnu à l'époque, un certain Fernand Reynaud !
Tout commence en 1913, lorqu'un Suisse Allemand du nom d'Umberto Contoli achète une parcelle de terrain pour y construire une guinguette (partie gauche de l'actuel bâtiment qui abrite aujourd'hui les cuisines).
Au début des années 20, un jeune immigré italien devient propriétaire de l'établissement : Jean Ramella. Il agrandit l'établissement en créant un grande salle de restaurant et quelques chambres d'hôtel. On vient alors au Belle Rive boire un verre de Pinot du Bugey et danser "au son d'un piano mécanique." Certains Catholards viennent même en yole depuis l'embarcadère de Nantua !
Les écrevisses de la Mère Sonnet
Sans les années 1930, Eugène (1887-1948) et Aimée Sonnet (1893-1958) achètent le Belle Rive.
Auparavant, ils exploitaient deux cafés à Lyon : le Café Riche (vers la place Bellecour) et le Métropole (rue Stella). Originaire de Peyriat, les nouveaux propriétaires se créent rapidement une clientèle. C'est l'époque où il fait bon d'aller dasn cet établissement pour manger des buissons d'écrevisses ou de la friture du lac.
Pendant la guerre, l'hôtel connaît les vicissitudes de l'Histoire. il est occupé en juillet 1944 par les Mongols de l'armée Vlassof et les Nazis lors de l'opération Treffenfeld.
A partir des années 1950, le Belle Rive retrouve sa notoriété d'antan avec Edward Nott (1913-1990), gendre d'Aimée Sonnet. Au départ, rien ne le destine à tenir un Hôtel-Restaurant.
Edward, musicien avant d'être cabaretier !
Né à Lyon d'une mère française et d'un père anglais, Edward est issu d'une famille de soyeux lyonnais. Bel homme et cultivé, Edward a une âme d'artiste.
Dans la capitale des Gaules, il étudien le chant comme ténor au Conservatoire de musique. Là, une jeune fille de Peyriat, Madeleine Sonnet, Apprend le chant Lyrique. La musique les relie...
Le jeune couple souhaite alors faire carrière dasn la musique. Ils remportent ensemble un Premier Prix de piano et de chant avec une interprétation du Barbier de Séville et Madeleine obteint un Premier Prix accessit dans le rôle de Mimi dans la Bohème.
Mobilisé pendant la guerre, Edward est envoyé sur le front russe. Fait prisonnier, il est déporté. Libéré enb 1945, il se marie avec Madeleine (1915-2004). Le repas de noce se tient d'ailleurs au Belle Rive.
Le couple a 4 enfants : Barbara en 1946, Carole en 1948, Edith en 1950 et Margaret en 1952. La passion deur sera transmise, leurs parents les emmenant dès l'adolescance à Lyon pour assister à des opéras.
"Je me rappelle très bien de la Bohème de Puccini entendue à l'opéra de Lyon" se rapelle Carole Nott qui épousera en 1974 le dessinateur Alin Dubouillon.
Ce dernier fait la gloire du quotidien Le Progrès depuis plus de 45 ans, après avoir été à Paris Match et au journal de Tintin. Des enfants du coumple Nott, seule Margaret a suivi les traces de ces parents : elle enseigne le piano en Ardèche.
Un restaurant ancré dans la vie locale...
Edward reprend l'établissement en 1949. Il est en salle avec les cleints pendant que son épouse s'occupe de la gestion de l'hôtel-restaurant. Investi dasn la société catholarde, surtout au sein du club de rugby, cet homme convivail et de contact, doté d'un sens de la répartie peu commun, donne un nouvel élan au Belle Rive. On aime ainsi venir déguster entre amis ou en famille la quenelle à la Nantua.
Parmi les nombreux clients, certaisn ont marqué leur passage, Michel Simon, vint déguster la spécialité locale, tandis qu'Edith Piaf mangea "une tarte tatin avec plein de crème fouettée." Et c'est au cours d'un mémorable repas au Belle Rive autour d'une "qu'nelle" en 1976 que l'organiste du Prince Rainier III de Monaco, René Saorgin, décide d'enregister un disque 33 tours sur l'orgue de Nantua.
Aujourd'hui encore, son CD qui a beaucoup fait pour la renommée de cet instrument mythique est encore en tête des ventes.
Le long de la route nationale 84, le Belle Rive est alors fort couru : 300 repas en moyenne sont servis quotidiennement.
De nombreuses communions et mariages se tiennent ici au bord du lac, les associations locales fréquentent elles aussi les lieux. Le Belle Rive devient même le siège du Rotary Club Nantua/Oyonnax, les jeudis soirs. A l'étage, l'hôtel tourne à plein régime avec ses six chambres, la septième étant occupée par Aimée Sonnet.
La renommée de Maria Mâtre !
Mais le véritable génie d'Edward, fût de créer un cabaret : "Le Maria Mâtre" Ouvert jusqu'à 3 h du matin, c'était "l'établissement sélect des bords du lac" comme le souligne une publicité de l'époque.
Les attractions restaient trois jours, les artistes se produisant les samedis et dimanches soirs, ainsi que la matinée du dimanche. On venait de loin pour assister aux spectacles proposés où les comiques (dont Christian Méry) côtoyaient les danseuses en tenue lègère... la plupart de ces vedettes étaient envoyées par un impresario lyonnais : Mr Valéry. Dans la salle, il y avait des entraîneuses qui poussaient à la consommation, dont une restée célèbre, Cora Léry, pour avoir... une jambe de bois !
Il arrivait que les filles Nott, attirées par l'interdit, se cachent derrière le rideau pour regarder les différents numéros du cabaret.
Un soir, un jeune hommes venu de Clermont-Ferrand se produit, réalisant des numéros d'illusions. Par la suite, il revient plusieurs fois au Maria Mâtre mais...avec des sketches. Son nom brille encore aujourd'hui au firmament des comiques français : Fernand Raynaud.
Une amitié naît entre l'artiste et Edward Nott. Chaque fois que Ferand Raynaud passe dans le secteurpour aller se produire en Suisse ou en Haute-Savoie, il aime s'arrêter à Nantua pour voir "son ami Edward" et acheter ses chapeaux, au 1 rue du Collège, chez Lucien Clément. Le jour où le comique préféré des Français se tue en voiture le 28 septembre 1973, il venait de... chez Edward !
"On adorait nos parents. Ils étaient très fantasques" se remémore Carole. "Une fois, je me souviens qu'enfant, mon père nous avait dit qu'on allait dîner aux chandelles. En fait, l'électricité avait été coupée car la facture n'avait pas été payée..."
Les difficultés fiancières font fi du Maria-Mâtre qui s'arrête au bout de quelques années d'activités en 1962.
La tradition maintenue avec le couple Pertreux
En 1976, l'établissement est repris par Messieux Possamet et Paqualier. En Juillet 1982, François Pertreux achète le Belle Rive aux enchères avec Gilles Hugonnet.
Né à Nantua en 1957, François Pertreux a suivi une formation de cuisinier à l'école hôtelière de Bellegarde-sur-Valserine avant d'effectuer des saisons à Nancy, Val d'Isère, Ajaccio, La Clusaz, en Suisse et même chez... Edward Nott.
Pendant 22 ans, il maintient, avec son épouse Marie-Madeleine, la réputation gastronomique du Belle-Rive avec la quenelle de brochet sauce Nantua, les grenouilles fraîches et la friture de lac.
Le restaurant reçoit en 1982 toute l'équipe des "Jeux de 20 h" avec Maître Capello, Jean Pierre Descombe, Ringo et Marie Myriam qui tournent cette célèbre émission télévisée de FR3 au gymnase de Nantua.
L'actrice Anémone est, elle aussi venu dégusyer la cuisine de François Pertreux (par deux foix !) ainsi que la chanteuse Jeane Manson. Les hommes politiques ne sont pas en reste avec les ministres Charles Millon et Jacques Barrot. Depuis ce sont d'autres célébités comme Patrick Bouchitey, Kev Adams, Christine Bravo, Louis Delort...
Un établissement refait à neuf...
En 2004, Fabrice GAND achète le fonds du Belle Rive, ouvrant son restaurant le 19 juin. Puis, il achète les murs en juin 2006. La boucle est maintenant bouclée, lui qui avait commencé comme saisonnier au Belle Rive en cuisine avec François Pertreux en 1996.
N'étant pas d'une famille de cuisiniers, ce jeune catholard, né en 1972, a toujours été attiré par ce milieu professionnel.
Après l'école hôtelière de Thonon Les Bains (1987/1990), un BTS à l'école hôtelière de Poligny (1990/1992) et une Maîtrise des Sciences et Techniques Gestion et Production en Hôtellerie et Restauration à Strasbourg ( 1992/1994), il effectue son service militaire comme Chef de cuisine au mess des sous-officers à Haguenau (1995).
L'année suivante, il achète l'Escale à Montréal La Cluse pour y construire le Mont Royal, restaurant qu'il tranforme en point chaud le PAIN SHOW (boulangerie/pâtisserie/restauration rapide) en 2010.
Le 1er janvier 2012, les travaux commencent et le Belle Rive connaît une réfection totale avec notamment la création, en rez de lac, d'une nouvelle salle de restauration, banquets, cocktails, séminaires... un nouveau chapitre dans l'histoire de cet établissement centenaire s'est ouvert en juin 2013...